Cerveteri / Caere / Kyrsa

CERVETERI
/ CAERE / KYRSA

Jean-Claude Daumas pour Latine Loquere


Ceisra
ou Kyrsa en
étrusque ; Agylli en grec ; Caere en latin :
le nom actuel de Cerveteri dérive de Caere Vetus. C´était
la plus riche des cités étrusques, en tout cas celle qui a importé
et diffusé dans toute l´Etrurie d´énormes quantités de
céramiques corinthiennes puis attiques.

SITE  : un
vaste plateau (150 ha) de tuf entouré par les fossés du Manganello
et de la Mola qui confluent au sud de la ville, d´où un
escarpement sur 3 côtés, complété par un mur en gros blocs sur le
4ème. Les nécropoles occupent les plateaux voisins
(Banditaccia, Monte Abatone) ou le pied de celui de Cerveteri
(Sorbo).

SITUATION  : à
45 km au nord de Rome et à  6 km de la mer où 70 km de littoral
sont contrôlés grâce à  3 ports (commerciaux et militaires) :
Pyrgi, Alsium et Punicum. Alliance avec les Carthaginois et liens
étroits avec de nombreux Grecs (construction d´un petit temple
(thesauros) au sanctuaire d´Apollon à  Delphes). Côté
terre : contrôle d´un vaste territoire entre les Monts de la
Tolfa (N-O), la basse vallée du Tibre (S-E), le lac Bracciano (N-E)
et le littoral tyrrhénien.

HISTOIRE

IXème “ VIIIème siècles :
nécropoles villanoviennes, fusion des villages villanoviens à  la
fin de la période.

VIIème “ VIème siècles :
apogée lors de la phase orientalisante marquée par une grande
prospérité économique et culturelle. Invention du bucchero nero
exporté partout ainsi que les grands chaudrons en bronze. Epoque des
hydries de Caere (2ème moitié VIème siècle) à  3 anses
dont une grande verticale ; des figures noires dont le
héros est souvent Héraclès ; des cratères du Grec immigré
Aristhonos (aveuglement du Cyclope, combats navals Grecs-Etrusques).
Plan d´ensemble peu régulier ; nombreux bâtiments
artisanaux ; canalisations souterraines (égouts).

Vème siècle : élévation
de deux grands temples toscans.

Longtemps alliée de Rome :

– 390 :
accueil des prêtres, Vestales, magistrats et objets sacrés de Rome
envahie par les Gaulois : Caere devient alors une civitas
sine suffragio
.

– 353 :
soumission totale à  Rome lors du conflit Tarquinia “ Rome.

– 273 : perte
de la totalité de son territoire côtier.

VESTIGES

En grande partie enfouis : il ne
reste pratiquement rien de la Caere étrusque (en dehors des
nécropoles)

1983-1989 : des fouilles
au centre du plateau (secteur Vigna Parrochiale) mettent à  jour

1 – un temple toscan (début Vème
siècle) à  triple cellae et fondations importantes en opus
quadratum
, dédié à  Tinia et orienté N-S.

2 “ un édifice non couvert à  plan
elliptique : un ekklesiasterion ? ( = lieu de
réunion des citoyens)

Depuis 1993 : des fouilles
au S-E du plateau (aire sacrée) ont mis à  jour :

1 “ Fin Villanovien à  début VIème
siècle : tombes villanoviennes et de la céramique peinte
« géométrique ».

2 “ Fin VIème siècle : grandes
cavités de drainage ; terrassements et soutènements pour
aménager le bord du plateau : hypogées, sources sacrées, 2
temples adjacents. Sur cette aire sacrée étaient honorés Hercle
(Hercule), Menerva (Minerve), Turnus (Hermès), Rath (Apollon).

3 “ Vers 500 : deux grands
temples toscans.

A “ 24 x 16,5
m ; proportions du stéobate (plateforme) 4,1/6 (loin du 5/6
vitruvien) ; sur une source salée (bassin monumental) = la fons
herculis
de Tite-Live.

B “ 25 x 20 m ;
proportions du stéobate plus proche du modèle vitruvien ;
dédié à  Rath.

C “ entre les
deux temples : vaste espace sacré avec un autel à  Turnus.

L´EVOLUTION des TOMBES

D´après les
trois grandes nécropoles : Banditaccia, Monte Abatone et Sorbo.

IXème-VIIIème siècles :
sépultures à  incinération imitant les huttes villanoviennes ;
puis fosses rectangulaires pour l´inhumation qui, fin VIIIème
siècle, l´emporte sur l´incinération.

Milieu VIIème siècle :
tombes plus complexes, à  chambres rectangulaires avec deux piliers
centraux – supports des poutres imitant la charpente d´une maison –
surmontées d´un grand tumulus semi-hémisphérique soutenu à  sa
base par un tambour cylindrique orné d´une corniche moulurée avec
listels (bande plate) et tores (moulures semi-circulaires). Autour
des grands tumulus “ orgueil des familles aristocratiques “
s´ouvraient les sépultures plus modestes des clients de la gens.

Fin VIIème siècle :
tombes encore plus complexes, creusées totalement dans le tuf ou à
moitié construites en blocs de tuf (cf. Regolini-Galassi) :
dromos à  marches ou rampes ; chambres latérales et
trois pièces à  l´arrière (imitation d´une maison princière) ;
dimensions importantes pour abriter plusieurs générations
(continuité familiale) et des quantités d´objets déposés ;
un autel funéraire au sommet du tumulus. Dépouilles masculines sur
des banquettes creusées en forme de lit dans la roche ;
dépouilles féminines dans des sarcophages.

VIème siècle : apparition
de tombes toutes semblables en damier et à  façades, reproduisant
une ville avec ses rues rectilignes et se coupant à  angle droit,
délimitant ainsi des places et des îlots : la cité des morts
ressemble à  celle des vivants. S´alignent ainsi le long des
« rues », des tombes à  une seule chambre rectangulaire
avec pilier central et banquettes, dont l´entrée est soulignée
par un tore à  la base et une corniche au sommet, et parfois par la
polychromie de moellons en tuf gris et rouge. Ces tombes montrent la
« démocratisation » de la cité ou plus exactement
l´importance des classes moyennes (artisans et commerçants
enrichis) car les tombes pauvres (puits creusé dans le tuf) sont
légion.

Fin IVème siècle : il y a
encore quelques belles tombes aristocratiques (cf tombe des Reliefs).

LES TROIS NECROPOLES

Banditaccia au
N-O de la cité étrusque, entre fossés du Manganello et du Marmo
(cf. § suivant).

Monte Abatone au S-E «
« , au-delà  du fossé de la Mola. Très vaste
nécropole avec, au moins, deux tombes remarquables : la tombe
CLOCHE ( VIIème siècle ; « murs » à  fausses
colonnes) ; la tombe TORLONIA (plus récente ; vaste
chambre à  niches sur les côtés et lit funéraire au fond).

Sorbo, au S, et la
fameuse tombe REGOLINI-GALASSI. (vers 670) qui abritait 1 incinéré
et 2 inhumés, dont une femme accompagnée de multiples bijoux en or
et en bronze et d´objets en ivoire et en argent importés d´Orient.
Parmi les fabuleuses offrandes contenues dans cette tombe : un
luxueux char en bronze avec couchette (1,87 x 0,73 m), réceptacle du
corps du défunt pour son transport dans l´au-delà  ; un grand
trône en bois (recouvert à  l´origine de plaques de bronze gravées
d´or) ; 2 grands boucliers en bronze ; une fibule en or
de 30 cm de longueur, décorée de lions et d´oies, … Tombe
creusée dans le tuf (partie inférieure) et bâtie (partie
supérieure) en blocs de tuf sous un grand tumulus à  double tambour
(un grand à  la base, un plus petit au-dessus) et fausse voûte de
tholos mycénien (rangées concentriques de blocs en saillie
sur la rangée immédiatement inférieure) ; accès par un long
(9,50 m) dromos à  ciel ouvert.

LA NECROPOLE DE BANDITACCIA

La seule qui se
visite, à  1 km au N de l´actuelle Cerveteri ; les tombes
s´ouvrent de part et d´autre d´un axe central sur 2 km de
longueur. C´est dans sa partie la plus éloignée de Cerveteri que
se situent les plus importantes tombes.

Tombe des RELIEFS (fin
IVème siècle) : la plus spectaculaire pour montrer la vie
quotidienne ou l´univers d´une grande famille étrusque, celle de
la gens Matuma (inscription de « Vel Matuma, fils de
Laris »). Le dromos donne accès à  un chambre unique
rectangulaire avec 2 piliers centraux carrés, supports d´un toit à
large columen (poutre centrale) entourée de 13 niches
à  2 places. Les stucs peints sur les piliers et les parois
reproduisent fidèlement le riche mobilier d´une maison princière :
lits, pantoufles, paniers en osier, casseroles, broches, couteaux,
louches, cruches, cordes, haches, armes (casques, boucliers,
jambières, glaives) qui marquent la vocation guerrière de la
famille. Cerbère garde l´entrée de la niche la plus importante.

Tombe des BOUCLIERS et des
CHAISES
 : ample vestibule à  la suite du dromos, orné
de grands boucliers sculptés au-dessus des lits funèbres ; 2
chaises à  haut dossier recourbé (trônes ?) et repose-pieds. 3
portes pour 3 chambres à  toit à  double pente, avec lits funèbres
le long des parois.

Tombe des CINQ SIEGES
(640-630) : 2 petites chambres sur les côtés du dromos.
Une chambre latérale où 5 statuettes de terre cuite (hautes de 50
cm) étaient assises sur 5 sièges sculptés dans la roche : 3
femmes et 2 hommes, tous le bras droit tendu et la main ouverte
(geste de l´offrant). Mobilier sculpté dans la roche.

Tombe des CHAPITEAUX : un
pièce ornée de colonnes octogonales à  chapiteaux, support d´un
plafond à  caissons.

Tombe de l´ALCà”VE (IVème
siècle) : une pièce avec piliers cannelés ; au fond, un
podium à  3 marches et un lit funèbre.

Tombe des ANIMAUX PEINTS :
4 groupes de chambres et des restes de peinture (un lion
orientalisant).

ILLUSTRATIONS

Banditaccia
non visitée :

1 et 2 : vues générales.

3 “ décor mouluré (tores entourant
le listel) au sommet d´un tambour de tumulus.

4 “ Tombe des Reliefs

5 “ Tombe des Animaux Peints.

6 “ Tombe des Chapiteaux.

7 “ Tombe des Cinq Sièges.

8 “ Tombe des Boucliers et des Chaises.

9 “ Tombe Regolini Galassi : dromos (couloir d´entrée).

10 “ Couvercle de sarcophage des Epoux : les deux ;

11 – « « «
: l´homme.

12 – « « «
: la femme.

13 – Autre « « «

14 “ Bucchero nero : un aurige.

15 – « « : tête casquée.

16 “ Une hydrie de Caere.

17 “ Orfèvrerie de la tombe Regolini Galassi.

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A propos Robert Delord

Enseignant Lettres Classiques (Acad. Grenoble) Auteur - Conférencier - Formateur : Antiquité et culture populaire - Président de l'association "Arrête ton char !" - Organisateur du Prix Littérature Jeunesse Antiquité

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