Héroïnes des légendes grecques


Rayon :
Texte : Béatrice Masini, Dominique Vittoz
Dessin : Gianni De Conno
Editeur : Casterman
Collection : Epopée
Format : 204 pages

Présentation:

Description

Lysistrata, Hélène, Cassandre, Phèdre… Qu’elles se jouent des hommes ou qu’elles soient le jouet des dieux, les Grecques légendaires ont des destins hors du commun. Beatrice Masini donne la parole à ces femmes omniprésentes dans la mythologie. Elles nous racontent leurs histoires de haine et de vengeance, de défis aux dieux et aux lois des hommes, et, bien sûr, leurs histoires d’amour…

Lecteur : primaire-collège, 9-11 ans

Extrait
Mon cher époux, bien-aimé Admète, je ne sais pas encore comment ce message t’arrivera, ni s’il nous est donné, au royaume des ombres, de communiquer avec les vivants. Je le demanderai tout à l’heure, je m’approcherai en souriant d’un de ces esprits légers, ma lettre à la main. Si l’esprit accepte de me répondre et qu’il me dit, comme je le crains, qu’il n’y a pas de messagers entre la terre et le royaume d’Hadès, je le remercierai et je garderai cette lettre pour moi. On écrit parfois aux autres pour s’écrire à soi-même.
Hier -peut-on dire hier, ici ? ou bien n’existe-t-il que le temps, le temps terrible qui se déroule sans limites ? je ne le sais pas, pas encore – hier je crois, j’ai rencontré ma mère. J’étais assise sous un saule, mes pieds plongés dans l’eau d’un frais ruisseau, je les regardais, blancs dans l’eau transparente, comme s’ils appartenaient à une autre personne, et je les ai trouvés affreux : as-tu déjà pensé comme c’est horrible un pied si on l’examine de près, si on le pense séparé du reste de notre corps, avec ses cinq minuscules appendices mous et ronds comme une famille d’asticots ? Voilà ce qui occupait mes pensées – avec tout ce temps à disposition, on peut se permettre des réflexions idiotes – quand j’ai senti une présence derrière moi, j’allais dire bêtement que j’avais vu une ombre, mais ici il n’y a pas d’ombre, enfin, tout est ombre, nous sommes tous des ombres, et les ombres n’ont pas d’ombre, et de toute façon cette ombre sans ombre dans mon dos me regardait, mais je ne me suis pas retournée, pourquoi me hâter ? Nous avons tout notre temps ici, et c’est pour cette raison, je crois, que les ombres sont aussi lentes. Alors, cette ombre lente s’est assise à côté de moi, un mouvement après l’autre, sans bruit – les vêtements des ombres ne bruissent pas, leurs plis ne se déforment pas, nous gardons une éternelle élégance -, et je n’ai même pas tourné la tête, j’ai attendu que s’élève une voix. C’était ma mère. J’aurais pu être heureuse de la retrouver, de mêler mes cheveux aux siens, de passer mes bras autour de l’inconsistance de son corps qui n’est plus et de la ser­rer contre moi, ou de croire que je l’étreignais, quelle importance, je l’aurais tenue sur mon coeur, elle que j’ai quittée par deux fois avec tant de chagrin, d’abord quand je t’ai suivi comme épouse, et ensuite quand on coupa le fil de sa vie et que, absente, je ne l’appris par des messagers qu’après ses funérailles. Mais je n’étais pas heureuse, je n’ai pas été heureuse.

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