Delphes

La Pythie de Delphes

Vassilis Alexakis, La langue maternelle, 1995
Dessinateur de presse, Alexakis a longtemps vécu à  Paris, notamment pendant la dictature en Grèce. Dans ce roman autobiographique, il raconte son retour à  Athènes après plusieurs années de vie parisienne.
La Pythie de Delphes
L´auteur dialogue avec un bibliothécaire passionné qui le renseigne sur la Pythie.
« Nous ne savons pas si (la Pythie) conversait avec son public, si elle prenait directement connaissance des questions qu´on avait à  lui poser, ou si elles lui étaient transmises par les prêtres. Le public était si nombreux que le sanctuaire employait deux pythies simultanément à  certaines périodes. Nous croyions que l´omphalos, l´espèce de gros œuf de pierre qui représentait le nombril du monde, se trouvait dans l´adyton. Ce n´est pas sûr. Nous croyions également qu´un laurier, arbre associé à  Apollon, était planté à  cet endroit. Mais comment pouvait-il pousser, privé de lumière ? Faut-il croire qu´il était dans un pot et qu´on le sortait de temps en temps au soleil ? L´examen des lieux et des vestiges a augmenté nos connaissances, mais aussi nos incertitudes. Nous étions presque certains, c´est du moins ce que j´apprends, que la pythie s´asseyait sur un trépied et qu´elle était enveloppée de vapeurs troublantes exhalées par une crevasse du sol. Avant l´arrivée d´Apollon, le sanctuaire appartenait à  Ga ou Gè, la déesse Terre. Peut-être parce qu´elle logeait les morts, Ga avait la réputation de connaître les secrets de la vie. Plutarque “ j´ai fini par le lire “ semble convaincu qu´il y avait des vapeurs dans l´adyton mais, apparemment, ce n´est plus le cas de son temps. Il considère simplement que l´esprit de la terre favorise les facultés divinatoires. Ce sont les Pères de l´Église qui ont le plus écrit sur le souffle tellurique, qu´ils qualifient de « malin ». Saint Jean Chrysostome affirme même qu´il se glisse par les organes génitaux de la prophétesse et la fait délirer. L´étude géologique a montré qu´il n´y a jamais eu d´émanations, ni de crevasses, et qu´on avait également tort de penser que l´eau d´une source passait sous l´adyton. Les représentations de la pythie qu´on possède ne nous la montre ni les yeux révulsés, ni l´écume à  la bouche. Elle ne paraît pas troublée. (…) Les archéologues ont découvert une pythie moins spectaculaire que celle qu´on imaginait, une star sobre et digne. (…)
Il est à  peu près certain qu´avant de descendre dans l´adyton, la Pythie buvait de l´eau de la Castalie et mâchait des feuilles de laurier. C´était peut-être un genre de communication. Elle purifiait sa bouche et son esprit. Il semble que la cuvette supportée par le trépied contenait des osselets ou des fèves qui l´aidaient à  trouver la bonne réponse lorsque la question était simple. (…)
Les oracles de la Pythie étaient extrêment populaires dans l´Antiquité, on les commentait largement, on les imitait volontiers. (…)
On peut difficilement croire que ces sentences étaient l´oeuvre d´une femme inculte “ personne ne l´a jamais cru d´ailleurs. A côté d´elle, dans l´adyton, se dressait une statue d´Apollon en or. La Pythie était la voix de cette statue. Le goût d´Apollon pour les jeux de mots, les rébus, était si connu qu´on le surnommait Loxias, l´Ambigu, le Paradoxal. Il n´est pas surprenant que ses conseils aient été quelque peu obscurs : dieu de la divination, il était en même temps le patron des philosophes. »

Le site de Delphes

Edward Dodwell, Un voyage classique et topographique à  travers la Grèce des années 1801, 1805 et 1806, Récit d´un voyageur passionné d´Antiquité grecque, et amateur d´archéologie.
in « Le voyage en Grèce “ Anthologie de moyen-âge à  l´époque contemporaine », Hervé Duchêne, Robert Laffont, 2003

– Le site de Delphes –
« Aucun site ne peut surpasser en beauté celui de l´approche de Delphes. Son apparition grandiose et théâtrale tout autant que son antique célébrité, ses ruines croulantes et son état déchu forment de tels contrastes qu´il est difficile de faire le partage entre le regret de sa splendeur passée et l´émotion que l´on peut éprouver en présence des restes de son ancienne magnificence. »

– La recherche du temple d´Apollon “ 
« L´endroit suivant que j´étais impatient de visiter était le temple d´Apollon, ou tout au moins le site de celui-ci ; car les vestiges de ce célèbre édifice se sont évanouis, ne laissant aucune trace.
Il se trouvait dans la partie haute de la ville près d´un magnifique théâtre, lequel s´élevait en fait dans son péribole. Les théâtre grecs sont généralement taillés à  même le rocher, et sont donc des monuments pratiquement indestructibles. J´avais raison de penser que je pouvais le retrouver et qu´il me conduirait à  la découverte du temple. Mais je fus désappointé, car je ne pus découvrir la moindre trace de l´un comme de l´autre. Il semble que le célèbre temple d´Apollon doive être cherché en dessous des humbles maisons de Kastri. »

A propos Robert Delord

Enseignant Lettres Classiques (Acad. Grenoble) Auteur - Conférencier - Formateur : Antiquité et culture populaire - Président de l'association "Arrête ton char !" - Organisateur du Prix Littérature Jeunesse Antiquité

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