Prat’hic #15 : MYTHES EN légendes _ Qualis artifex tecum natus/nata est !

Vos pratiques sont fantastiques ! Régulièrement, ATC donne la parole à des enseignants pour qu’ils nous fassent découvrir une activité menée en cours de langues anciennes.

Voici une manière d’aborder les mythes qui nous vient de l’académie de Reims et qui a permis aux élèves de Magistra leona in silva de montrer leur compréhension de la grammaire et de la littérature, leur expression et leur créativité ! 

 

En Bref

Bonjour, pouvez-vous nous présenter en quelques mots l’activité “MYTHES EN légendes”  ?

Salve ! Il s’agit d’illustrer un mythe en un tableau, à la façon d’un peintre, avec une légende explicative rédigée en latin. 

 

Avec quelle classe l’avez-vous menée ? 

Dans un gros collège REP+ “tranquille” de la périphérie de Troyes, groupe de 17 élèves de 5èmes latinistes, en option (2h/semaine).

 

Aux origines du projet

Quelle est la genèse de ce projet ? 

Dans ce chapitre De deis, j’aborde les cas/fonctions progressivement en parallèle avec les déclinaisons 1 et 2, avec comme support les dieux olympiens, leurs caractéristiques majeures, leurs attributs, de manière très classique, pour donner des éléments de culture essentiels à ceux pour qui c’est une découverte.  

J’avais donc besoin en même temps, 

  1. de créer le besoin d’utiliser tout de suite ces apprentissages grammaticaux “à chaud” pour fixer les notions ;
  2. de proposer d’autres mythes plus confidentiels, pour nourrir également la culture mythologique des élèves qui savent déjà tout des basiques sur les Olympiens. 

Je me suis servie des podcasts du site du Musée de Saint-Romain-En-Gal et des capsules vidéos du site du Petit Louvre (parmi les “petits contes de saisons”, j’ai sélectionné uniquement ceux qui puisent dans le fonds mythologique gréco-romain).

 

Quels objectifs vous étiez vous donnés ?

Je voulais que les élèves se rendent compte qu’une phrase qu’on rédige en latin n’a pas de sens si on ne comprend pas sa structure syntaxique et qu’on n’associe pas à chaque GN un cas (i.e. une désinence ad hoc).

Pour cela, il fallait :

  • qu’ils réfléchissent à la structure syntaxique de leur phrase en français (et mine de rien, c’est ça le plus difficile),
  • qu’ils apprennent à lire leur tableau cas/fonction/déclinaisons 1&2
  • qu’ils manipulent le Grand Dictionnaire Latin Olivetti pour en comprendre les atouts (fonction “thème” / vérification par la fonction “version” / utilisation du tableau morphologique du mot)
  • qu’ils fassent preuve de créativité graphique : maquette (facultatif), création du “tableau vivant” (en Playmobil), édition via le site CANVA.

 

Faber fit fabricando

Qu’ont-eu à faire les élèves avant l’activité ?  

En parallèle de cette activité, 5 fiches de présentation des cas avec exercices de manipulation (toutes les phrases concernent les dieux olympiens et leurs attributs), et grand tableau CAS/fonctions/déclinaisons 1&2 à compléter au fil des séances. 

 

Qu’ont-eu à faire les élèves pendant l’activité ?

initium :

Choisir un épisode mythologique à partir d’une liste de podcasts proposée sur la fiche de consignes, distribuée via l’ENT (de préférence un mythe qu’ils ne connaissent pas encore pour avoir le plaisir de la découverte).

Nota bene : je n’interdis pas aux différents groupes de choisir le même mythe. Interdit-on à un peintre de ne pas figurer un sujet qui a déjà été traité sous un autre angle ? Ensuite ils devront décider du passage à mettre en scène, je n’ai pas encore vu de doublons.

Hors cours : Si les élèves, en 1h, n’ont pas réussi à se mettre d’accord sur le mythe traité, ou avec qui ils vont travailler, ils doivent finir de visionner/écouter les propositions afin de pouvoir être efficaces à la séance suivante. Ceux qui désirent créer un décor particulier ou une maquette doivent le faire hors du cours. 

actiones : 

  • déterminer quel moment du mythe on va représenter,
  • rédiger la légende du tableau en quelques phrases de structure syntaxique simple,
  • traduire ces phrases en latin, en respectant le rapport cas/fonction et l’accord sujet/verbe,
  • prendre en photo le tableau avec les “acteurs” Playmobil,
  • éditer l’affiche avec le “tableau” et sa légende en latin, et en plus petit la traduction et la signature.

 

Quel a été le rôle de la  professeure pendant l’activité ?  

  1. Une facilitatrice : reformulation du détail des consignes pour que tous les aspects en soient pris en compte, motivation des élèves “en panne”.
  2. Une référente linguistique : aide à la reformulation des phrases françaises trop complexes en phrases canoniques qui seront simples à traduire, démonstration presque individuelle de l’utilisation du dictionnaire en ligne, aide à la recherche lexicale, relecture et correction sur l’instant des traductions latines. 

 

Les élèves ont-ils gardé une trace écrite ? 

Les écrits de travail sont dans le cahier de latin.

Les travaux sont exposés au CDI et participent à la promotion du latin pour les 6èmes.

 

Quelle implication des élèves ? 

Bonne implication générale, les élèves étaient heureux de découvrir des morceaux mythologiques qu’ils ne connaissaient pas encore, tous ont trouvé que ça donnait du sens à la découverte parallèle des déclinaisons.

Ils sont aussi heureux de voir leurs oeuvres exposées, et fiers d’avoir écrit en “vrai latin”.

Quelques élèves du type “réfractaire à l’effort intellectuel” ont accepté de se plier au défi langagier et sont parvenus à produire quelque chose de propre en relative autonomie. Petite victoire à capitaliser pour l’an prochain !

Deux binômes n’ont pas abouti à une production finale, par incapacité à dépasser leurs dissensions ; trois élèves ont préféré travailler seuls (mais ont produit une affiche). Je dois réfléchir à leur proposer d’autres activités collaboratives par la suite. 

On fait le bilan

Quel est le ressenti du professeur ? des élèves ?

Une professeure contente d’aboutir à un résultat tangible ; que tous aient compris le principe de base de la langue à flexion, et des élèves fiers de leurs productions et de leur exposition à la rentrée à venir au CDI. 

 

Les élèves ont la parole : Avez-vous des témoignages d’élèves à nous partager ?

Magistra, on n’a pas encore vu le COI ! J’ai besoin du COI dans cette phrase !

Maintenant il réclament à “savoir lire seuls en latin”, puisqu’ils “savent écrire”. (Heureusement j’ai commencé à acheter les “Petits Latins” en série)

 

Quelle “évaluation” / retour pour savoir si les élèves ont compris ?

La production fait office d’évaluation. 

 

Y-a-t-il eu des difficultés, des surprises ?

Des difficultés habituelles de différenciation : entre les élèves qui finissent la tâche en 3 heures là où d’autres ont besoin de 6 heures : pour y remédier, ces élèves deviennent dans un premier temps mes auxilia, pour faire et refaire les démonstrations des outils numériques à savoir utiliser. S’ils s’ennuient, je leur fournis une autre activité facultative. 

 

Pensez-vous mener cette activité à nouveau ? Changeriez-vous quelque chose ?

A reconduire l’an prochain, en complétant la liste des podcasts mis à disposition en ligne (veille pédagogique). Si mon horaire d’enseignement passe de 2h à 1h hebdomadaire, je reverrai mes ambitions à la baisse en terme de contenu.

 

Si vous souhaitez poser des questions à Magistra Leona in silva n’hésitez pas à le faire en commentaire de cet article, nous les lui ferons suivre.

Si vous souhaitez vous aussi raconter un de vos cours, n’hésitez pas à prendre contact avec nous.

A propos ju wo

Professeur de français et des options FCA et LCA dans l'académie de Lille. Passionnée de cultures antiques et de langues anciennes, attachée au rayonnement et à la promotion des cultures antiques dès l'école primaire. Responsable du concours ABECEDARIVM pour l’association ATC.

Laisser un commentaire

X