Prat’hic #35 : Activité brise-glace de rentrée _ le Speed dating en latin ou en grec

Vos pratiques sont fantastiques ! Régulièrement, ATC donne la parole à des enseignants pour qu’ils nous fassent découvrir une activité menée en cours de langues anciennes.

Demain, c’est la rentrée, et l’occasion pour les professeurs de découvrir de nouveaux élèves, et pour les élèves de découvrir leurs nouveaux camarades avec qui ils vont partager l’aventure des LCA pendant tout un cycle. quoi de mieux qu’une activité brise-glace pour commencer l’année : un Speed dating, en latin et en grec ancien bien évidemment !

Stéphanie R. nous raconte son expérimentation en latin au lycée français international de Bahreïn et nous propose ses supports _ supports que Sandy Morel, au collège Lumière de Besançon, a adaptés en grec ancien.

 

En Bref

Salvete ! χαιρετε ! Pouvez-vous nous présenter en quelques mots l’activité “ Speed dating en latin ou en grec”  ?

Stéphanie : Salve ! Pour apprendre à mieux connaitre ses camarades, j’ai décidé de mettre en place une activité qui consiste à trouver douze camarades différents correspondant à une caractéristique particulière (trouver un gaucher, quelqu’un qui a un chien, un frère, etc.). Le but est d’inciter les élèves à interroger leurs camarades, même ceux avec qui ils parlent moins souvent afin de souder le groupe en ce début d’année.

Sandy : χαιρετε ! L´activité “speed dating” en grec ancien consiste à présenter ses camarades en début d’année et surtout à décoder et lire du grec ancien car elle fait partie de mes toutes premières séances.

 

Avec quelle classe l’avez-vous menée ?

Stéphanie : Je l’ai menée en français avec mes élèves de 6e et 5e (lycée français international de Bahreïn) ainsi qu’en latin avec mes 5e et 4e. Je ne l’ai pas menée en 3e car le groupe était trop petit (6 élèves). Les latinistes de 5e avaient donc testé le principe pendant le cours de français avant de la découvrir à nouveau en latin afin de faciliter la compréhension des consignes et travailler plutôt sur le vocabulaire et la structure des phrases. Les “traits” à retrouver chez chaque camarade étaient cependant différents de ceux de la fiche en français.

LATIN Speeddating-rentrée

Sandy : Quant à moi, c’était en cours de grec ancien avec mon groupe de 3e, soit environ une vingtaine d’élèves au collège Lumière de Besançon. 

  Lien vers l’activité sur Canva (esprits et accents à ajouter)

 

Aux origines du projet

Quelle est la genèse de ce projet ?

Stéphanie : Plusieurs activités disponibles sur Internet tournaient autour du “speed dating”. Le plus souvent, l’activité était proposée uniquement à l’oral, j’ai décidé de l’adapter pour le cours de latin en créant la fiche disponible sur le site d’ATC. Je l’ai ensuite détournée pour le cours de français et le cours d’espagnol au vu du succès de l’activité.

Sandy : J’ai adapté en grec ancien une activité de speed dating postée par Stéphanie sur les réseaux d’ATC, car je ne trouvais pas cette ressource pour mon cours et elle remplaçait avantageusement la carte d´identité que je fais remplir habituellement. 

 

Quels objectifs vous étiez-vous donnés ?

Stéphanie : L’objectif principal était la cohésion du groupe et “obliger” les élèves à sortir de leur zone de confort en interrogeant tous leurs camarades pour ne pas écrire le nom de leur meilleur ami dans chaque case. Il était amusant de voir des élèves découvrir des informations sur leurs camarades avec qui ils étaient en classe depuis longtemps pourtant. En latin, il y avait également plusieurs objectifs secondaires : découvrir de nouveaux mots en latin (certains ont été utiles pour le projet de correspondance en latin), s’intéresser à la filiation entre le français et le latin grâce à la similitude entre certains mots, découvrir/revoir la conjugaison. C’est une belle entrée en matière de la langue ainsi qu’un bon moyen de rafraîchir sa mémoire après deux mois de vacances et réactiver d’anciennes connaissances.

Sandy : Je suis dans un petit collège donc le but n’était pas qu’ils se connaissent mieux mais se reconnaissent entre eux. La difficulté résidait dans le déchiffrage des lettres de l’alphabet grec afin de comprendre ce qui était écrit. Le deuxième objectif était l’acquisition de premiers mots de vocabulaire et du lien entre grec et français.

 

Faber fit fabricando

Qu’ont eu à faire les élèves avant l’activité ?

Stéphanie : En latin, on a traduit le vocabulaire à l’oral au préalable, on a également vu rapidement la prononciation du latin en 5e. En 4e, on a revu comment transformer le verbe à la 2e personne et 3e personne du singulier en plus afin qu’ils posent les questions en latin à leurs camarades avec la bonne forme verbale et qu’ils puissent ensuite partager le résultat de leur “enquête” lors du debriefing en utilisant la 3e personne.

Sandy : L’alphabet grec leur avait été donné pour qu’ils puissent se repérer mais sinon rien de particulier au préalable.

 

Qu’ont eu à faire les élèves pendant l’activité ? 

Stéphanie : Ils ont pris un stylo, la feuille et se sont levés. Ils ont pu se déplacer librement dans la salle de classe pour aller interroger tous les élèves présents et écrire des noms dans les cases. Ils se sont vite rendus compte que ce n’était pas toujours facile de compléter le tableau car ils ne pouvaient pas écrire plusieurs fois le même prénom dans le document. 

Sandy : Même démarche, seulement ils travaillent en îlots donc ils ont commencé par leurs camarades les plus proches et se sont déplacés ensuite. Je demande en début d’année l’achat du petit lexique : Le grec ancien dans votre poche (Les mini Larousse, environ 5€) et les élèves utilisent la partie “se présenter” pour traduire.

 

Quel a été le rôle du professeur pendant l’activité ?  

Stéphanie : Réguler le bruit (les élèves étant très enthousiastes, cela peut vite déraper et il faut penser aux collègues présents dans les salles voisines), s’assurer que les élèves utilisent le latin dans leurs réponses. J’ai également “participé” avec certaines classes car plusieurs élèves m’ont interrogée et ont écrit mon nom sur leur feuille.

Sandy : Ils ont été en autonomie et je suis juste intervenue pour la reconnaissance de certaines lettres ou la traduction de verbes conjugués que l’on n’avait pas vus (forcément).

 

Les élèves ont-ils gardé une trace écrite ?

Stéphanie : Oui, ils ont conservé la feuille complétée et l’ont collée dans leur cahier après la page de garde. 

Sandy : Idem !

 

Quelle implication des élèves ? 

Stéphanie : Ils étaient ravis de pouvoir se déplacer dans la salle de classe et de manipuler la langue latine dès le premier cours de latin. Les enfants sont toujours motivés lorsqu’ils reçoivent un beau document et qu’on leur propose une activité qui sort un peu de l’ordinaire.

Sandy : Ils étaient enthousiastes et fiers de pouvoir déjà décoder du grec ! La présentation aide aussi à rendre l’activité plus ludique.

 

On fait le bilan

Quel est le ressenti du professeur ? des élèves ?

Stéphanie : Les élèves m’ont reparlé plusieurs fois de l’activité en disant que cela leur avait beaucoup plu. Leur enthousiasme m’a fait plaisir, mais je devrai faire attention cette année à bien fixer les règles pour que cela ne parte pas dans tous les sens et qu’ils ne fassent pas trop de bruit.

Sandy : Les élèves ont bien adhéré et j’ai aimé commencer l’année en leur faisant découvrir une activité originale. C’est aussi encore l´occasion de montrer que les langues anciennes sont vivantes et d’amorcer une bonne dynamique. 

 

Quel retour pour savoir si les élèves ont compris ?

Stéphanie : À la fin de l’activité, on a fait le debriefing à l’oral. Chaque élève devait lire la phrase en latin et donner le nom d’un camarade correspondant à la phrase. Une partie du vocabulaire a servi de base à lancer les jeux sur l’étymologie et a été réinvesti dans les courriers pour les correspondants.

Sandy : A la fin de l’activité, chacun à leur, tour les hellénistes ont commencé à lire à voix haute des phrases et j’ai demandé que ceux qui se sentaient concernés lèvent la main. J’ai pu ainsi vérifier s’ils avaient compris. Les formes verbales ont pu aussi être réinvesties. 

 

Y-a-t-il eu des difficultés, des surprises ?

Stéphanie : Je ne m’attendais pas à ce que les élèves participent aussi volontiers à l’activité et qu’ils viennent également me voir pour m’interroger et écrire mon nom sur leur document. Pour moi, la difficulté principale fut la gestion de la classe pendant l’activité. Trop dynamiques, les plus jeunes ont oublié qu’ils étaient à l’école.

Sandy : Ils ont joué le jeu et n’ont pas été particulièrement bruyants donc j’ai été agréablement surprise. Cela vient du fait, je pense, que l’activité de déchiffrage du grec ancien demande une certaine concentration !

 

Pensez-vous mener cette activité à nouveau ?

Stéphanie : Oui, je vais la refaire cette année en élargissant cette fois-ci cette activité au cours d’espagnol avec les mêmes objectifs qu’en latin (travailler le vocabulaire et découvrir la conjugaison). Je pense toutefois devoir repréciser les règles (volume sonore, mieux chronométrer l’activité).

Sandy : Oui sans aucun doute !

 

Si vous souhaitez poser des questions à Stéphanie et à Sandy, n’hésitez pas à nous contacter, nous les leur ferons suivre.

Si vous souhaitez vous aussi raconter un de vos cours, n’hésitez pas à prendre contact avec nous !

A propos ju wo

Professeur de français et des options FCA et LCA dans l'académie de Lille. Passionnée de cultures antiques et de langues anciennes, attachée au rayonnement et à la promotion des cultures antiques dès l'école primaire. Responsable du concours ABECEDARIVM pour l’association ATC.

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