Prat’hic#38 : Elle est chouette, notre mascotte !

Vos pratiques sont fantastiques ! Régulièrement, ATC donne la parole à des enseignants pour qu’ils nous fassent découvrir une activité menée en cours de langues anciennes.

Aujourd’hui, allons à la rencontre d’Emmanuelle Gibert qui enseigne les LCA dans l’Académie de Bordeaux. “Ubi sum ou les pérégrinations d’une chouette” : découvrons le périple merveilleux de Flamma Noctis, la mascotte vraiment chouette de cette classe de latinistes !

 

En Bref

Bonjour, pouvez-vous nous présenter en quelques mots l’activité “Ubi sum : les pérégrinations d’une chouette”  ?

Il s’agissait de confier la mascotte en peluche, qui est la chouette d’Athéna, à chacun des élèves tout au long de l’année afin qu’ils imaginent une mise en scène qu’ils devaient immortaliser en la photographiant. En classe, toutes les photos ont ensuite été décrites et légendées en latin et en français (travail en petits groupes). Les photos légendées ont été numérotées et rassemblées sur un Pad en ligne qui permettrait d’en garder une trace toujours accessible et visible par tout le collège, invité à la fin du projet à voter via un sondage Pronote pour la meilleure photo. Les trois vainqueurs du concours vont remporter une récompense, en partenariat avec le CDI (une bande dessinée, un livre et un petit présent original).

Pour consulter le Pad qui constitue la production finale et recueille toutes les photos : https://digipad.app/p/485315/790db84917c91

 

Avec quelle classe l’avez-vous menée ?

Le projet a été mené avec les latinistes de 5e et de 4e (25 élèves au total), répartis dans deux groupes de niveaux distincts (un groupe de 10 élèves en 5e, un autre de 15 en 4e). Le travail a été finalisé en septembre-octobre de l’année suivante (avec, donc, les 4e et 3e).

 

Aux origines du projet

Quelle est la genèse de ce projet ? 

Je cherchais une idée pour faire manipuler la langue latine aux élèves de façon simple et amusante, tout en suscitant leur curiosité et leur créativité. Quand j’ai découvert cette petite chouette en peluche très mignonne, j’ai imaginé un projet dans lequel nous pourrions l’impliquer et l’utiliser à des fins linguistiques et ludiques. Le projet “Ubi sum?” était né !

Quels objectifs vous étiez-vous donnés ?

Je voulais faire manipuler la langue latine aux élèves afin qu’ils utilisent les notions apprises en classe et découvrent des outils numériques utiles pour notre discipline mais surtout qu’ils prennent conscience de l’importance de savoir conjuguer et décliner correctement pour pouvoir écrire en latin. Ainsi, ils allaient apprendre à construire une phrase, utiliser correctement les prépositions de lieu, chercher le vocabulaire dont ils allaient avoir besoin dans des dictionnaires papier et en ligne, à vérifier la déclinaison d’un nom, pronom ou adjectif, la conjugaison d’un verbe au présent de l’indicatif à l’aide de tableaux et synthèses papier et d’outils numériques comme le Grand dictionnaire Olivetti qui propose un “conjugueur” et un “déclineur”. 

La réflexion sur la syntaxe faisait donc partie des objectifs, mais aussi la coopération, le savoir-vivre et le savoir-être (prendre soin d’un objet, se le transmettre, respecter un délai, communiquer et se mettre d’accord au sein du groupe…) et la créativité bien sûr !

 

Faber fit fabricando

Qu’ont eu à faire les élèves avant l’activité ?  

Nous avons essentiellement travaillé sur l’expression du lieu, le présent de l’indicatif et le système des déclinaisons. J’ai lancé le projet en leur proposant moi-même la première photo de Flamma Noctis, la chouette en peluche, et organisé un travail de réflexion pour lui trouver un prénom à travers leurs propositions individuelles puis un vote pour le nom qu’ils préféraient.

 

Qu’ont eu à faire les élèves pendant l’activité ? 

Pendant l’activité, qui a duré toute une année scolaire, les élèves ont approfondi leurs connaissances en langue et ont dû s’organiser, avec le plus d’autonomie possible, pour se transmettre Flamma Noctis dans le respect des délais (7 à 10 jours maximum par élève). Chaque semaine, ils devaient me dire chez qui était notre mascotte et à qui elle serait transmise ensuite.

 

Quel a été le rôle du professeur pendant l’activité ?  

J’ai essentiellement suivi le trajet de Flamma Noctis et rappelé à l’ordre les retardataires qui la conservaient trop longtemps, récupéré au fil de l’année les photos des élèves et travaillé avec eux les points de langue qui leur seraient indispensables pour mener à bien le projet final (rédaction des légendes).

 

Les élèves ont-ils gardé une trace écrite ? Si oui, laquelle ?

Ils ont conservé leurs essais de rédaction des légendes en latin et les traductions correspondantes. Ils ont également accès au Pad en ligne.

 

Quelle implication des élèves ? 

Tous les élèves ont adhéré au projet et se sont montrés impliqués. 

 

On fait le bilan

Quel est le ressenti du professeur ? des élèves ?

C’est un projet de longue durée, qui a permis de tisser des liens entre les élèves. Ils y ont pris grand plaisir, et moi aussi ! Certaines familles se sont également prises au jeu.

 

Les élèves ont la parole : 

 “Ce projet nous a permis d’apprendre du vocabulaire nouveau, à utiliser concrètement la langue et appliquer les déclinaisons apprises.” (Charlotte)

“L’activité était amusante et changeait de ce que l’on fait en classe d’habitude.” (anonyme)

“J’ai appris à décrire des images en latin avec beaucoup d’humour : cela m’a apporté de la joie d’y participer !” (Benjamin)

“On a beaucoup ri et développé notre créativité, même si c’était un peu gênant d’aller au collège avec un doudou !” (anonyme)

“Je me suis sentie vraiment impliquée ; on devait être responsable et autonome, même si ce n’était qu’une peluche qui nous était confiée, c’était symbolique : il ne fallait pas la perdre, ni l’oublier, ni l’abîmer.” (Gabrielle)

“C’est valorisant de faire un travail tous ensemble qui sera vu par tout le collège.” (anonyme)

“Grâce à ça, j’ai mieux retenue les prépositions latines et les déclinaisons.” (Louis)

“J’ai enfin compris comment faire des phrases correctes en latin, ou au moins essayer !” (anonyme)

“Cela m’a permis d’avoir une vision nouvelle de la langue latine.” (Jeanne)

 

Quelques parents m’ont également remerciée car ils avaient trouvé que leurs enfants s’étaient emparés du projet et y avaient mis beaucoup d’eux-mêmes. Certains élèves habituellement un peu passifs se sont vraiment pris au jeu et ont pu avancer en latin.

 

 

 

Y-a-t-il eu des difficultés, des surprises ?

Pas vraiment de difficultés, mais quelques bonnes surprises : même les élèves habituellement peu impliqués dans le cours et peu attentifs au matériel ont vraiment pris à cœur ce projet. Je pense que cela a réellement créé des liens entre les élèves et permis à certains élèves de s’impliquer et d’aller vers plus d’autonomie et de soin, de prise en compte des autres élèves (respecter un délai, accepter de céder son “tour” à un camarade, demander l’avis et l’aide des autres, etc.)

 

Pensez-vous mener cette activité à nouveau ? 

Oui ! Je ne pense pas modifier grand-chose, tout a très bien fonctionné.

 

Si vous souhaitez poser des questions à Emmanuelle Gibert, n’hésitez pas à nous contacter, nous les lui ferons suivre.

Si vous souhaitez vous aussi raconter un de vos cours, n’hésitez pas à prendre contact avec nous !

A propos ju wo

Professeur de français et des options FCA et LCA dans l'académie de Lille. Passionnée de cultures antiques et de langues anciennes, attachée au rayonnement et à la promotion des cultures antiques dès l'école primaire. Responsable du concours ABECEDARIVM pour l’association ATC.

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