Les cariatides de l'Érechthéion sur l'Acropole. / wikipedia

Histoire d’Athènes, des origines à  nos jours



Media : France Culture
Emission : L'essai et la revue du jour

Présentation: France Culture – L´essai et la revue du jour : Histoire d´Athènes, des origines à  nos jours – Revue Vacarme – 09-05-2012 (7′)

C´est la première synthèse
disponible en français sur l´histoire de cette ville mythique,
aussi curieux que ça puisse paraître. On connaît bien l´Athènes
antique, celle de Périclès, un petit peu moins l´Athènes
hellénistique et romaine mais celle qui entre à  reculons dans l´ère
chrétienne et dans l´Empire byzantin, de même que celle qui sera
conquise en 1456 par les Ottomans semble être sortie de l´histoire
avec un grand H. Athènes, nous dit Olivier Rolin dans un ouvrage
collectif consacré à  la ville et cité par l´auteur, est la seule
capitale d´Europe où l´histoire, affectée d´une syncope de
plus de vingt siècles, n´inscrit pas ses tracés et ratures
successifs composant ce palimpseste de pierre qu´est une ville.

Il faut dire qu´à  la lecture du
livre de Jacques Bersani on comprend vite que ces « tracés et
ratures successifs » se sont en quelque sorte annulés eux-mêmes et
comme résorbés dans l´ombre portée par l´éclat du miracle
grec et du siècle de Périclès, dont il faut rappeler, d´ailleurs,
qu´il n´aura duré que trente ans. Et pourtant, durant ce que les
historiens appellent, en référence à  l´époque archaïque, les «
siècles obscurs », l´histoire est bien passée et repassée dans
cette métropole. Témoin d´une époque où le palimpseste déposé
par le cours du monde était encore visible, Chateaubriand, dans son
Itinéraire de Paris à  Jérusalem, décrit cette ville « échouée
au confluent des mondes oriental et occidental, un assemblage confus,
les chapiteaux des Propylées, les colonnes du Parthénon, les
embrasures d´une muraille chargée de canons, les débris gothiques
des chrétiens et les masures des musulmans ».

La conversion de Constantin et
l´adoption de la religion chrétienne par l´Empire romain au
IVème siècle n´enlève rien au prestige culturel d´Athènes, ni
même les édits de Théodose qui interdisaient de fréquenter les
sanctuaires et d´y accomplir des sacrifices et n´ont pas empêché
les Athéniens de continuer à  célébrer les Panathénées. Les
décrets de son successeur, au Vème siècle, qui stipulaient que les
temples devaient être détruits épargnèrent Athènes où il
suffisait de les convertir en églises. Mais le coup d´arrêt au
rayonnement de la cité est donné en 529, date symbolique entre
toutes, où l´Empereur Justinien décrète la fermeture des écoles
philosophiques, florissantes à  l´époque, en particulier
l´Académie néo-platonicienne un temps dirigée par Proclus. Le
Parthénon devient la cathédrale des Athéniens mais la rareté des
églises paléochrétiennes à  Athènes témoigne du retard de la
ville à  entrer dans l´ère chrétienne. Désormais byzantine,
Athènes va se contenter de subir l´histoire : le schisme, la 4ème
croisade qui prélude à  la fin de l´Empire byzantin, le partage
des dépouilles qui la transforme en duché attribué au bourguignon
Othon de La Roche. De bourguignonne elle deviendra catalane puis
florentine et rapidement vénitienne.

En 1456 les Turcs arrivent à  Athènes.
Deux ans plus tard, Mehmet II, le conquérant de Constantinople se
rend dans la ville. Ebloui par la beauté des monuments il décide de
les protéger en menaçant de punir de mort quiconque voudrait les
piller. Très vite cependant le Parthénon est flanqué d´un
minaret et ses peintures murales sont badigeonnées à  la chaux. De
cette époque, le quartier de Plaka avec ses airs de vieux Stamboul
garde le souvenir. S´identifiant à  la religion orthodoxe, Athènes
entre en résistance et cette longue éclipse permet de comprendre
l´importance de cette religion dans la vie des Grecs jusqu´à  nos
jours où les nombreux biens de l´Eglise, par exemple, ne font
l´objet d´aucun débat dans le contexte de la crise actuelle.

A la fin du XVIIème siècle, une
expédition vénitienne qui finit par échouer transforme le
Parthénon en une ruine béante en faisant exploser la réserve de
poudre à  canon que les Turcs avaient stockée là . On connaît
l´histoire du Lord anglais qui réussit à  embarquer en morceaux la
frise du temple d´Athena parthenos (la vierge), au prix de
terribles dégradations. Cette frise de 160 mètres de long, avec ses
plus de 360 figures humaines et divines, et ses 220 figures d´animaux
est la plus grande composition sculptée en bas-relief qui nous reste
de l´Antiquité. Elle se trouve toujours au British Museum malgré
les revendications de la Grèce, qui explique notamment que la frise
a été achetée au gouverneur ottoman, qui ne représentait pas le
peuple grec. Les Anglais estiment quant à  eux qu´elle a été
achetée au représentant de l´autorité souveraine, en fonction au
moment de la vente. Et l´argument opposé aux autorités grecques
par la direction du musée est que cette œuvre appartient désormais
au patrimoine culturel de l´humanité. Retour à  la case départ,
en quelque sorte et Athènes, à  son corps défendant, renvoyée à
sa prestigieuse qualité de berceau de la civilisation européenne.

J´ajoute que l´un des objectifs de
l´auteur de ce livre, Jacques Bersani, c´est de nous montrer que,
dans cette nouvelle épreuve que connaissent les Athéniens, eh bien
si on se tourne vers l´histoire, depuis 3000 ans Athènes en a vu
d´autres et elle est toujours là , c´est en quelque sorte un
message d´espoir, de courage, de combativité

Londres, le 23 juin 2011, Art Media
Agency (AMA).

L´État Grec demande au British
museum depuis des années la restitution des éléments de la frise
du Parthénon qui font partie des collections depuis maintenant 200
ans. Alors que le sujet de la dette grecque était mis sur le tapis,
la question de la restitution est réapparue en Angleterre. David
Cameron est cependant ferme et clair dans sa réponse : les
sculptures ne retourneront pas à  Athènes.

L´ambassadeur britannique de
Constantinople, Lord Elgin, avait au début du XIXe siècle envoyé
l´essentiel des sculptures en marbre de la frise du Parthénon, des
frontons et des métopes à  Londres. En 1816, le British Museum en
fait l´acquisition, elles sont restées depuis au sein de
l´institution britannique. Le musée du Louvre conserve également
trois fragments de cette frise.

La Grèce en demande la restitution
depuis des années, mais aucune base légale ne lui permet d´obtenir
gain de cause.

Jacques Munier

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