Séquences pédagogiques : écouter et dire le latin pour mieux le comprendre

De nombreux textes de la littérature latine ont été créés pour être dits ; dans ces textes, la musicalité de la langue, les effets sonores et rythmiques ménagés par l’auteur sont fondamentaux car ils sont porteurs de sens.

Ecouter ces textes, plutôt que les lire silencieusement, c’est donc vivre pleinement l’expérience esthétique voulue par l’auteur, et c’est en faire une réception qui permet, à qui est sensible à la musique – et la plupart de nos élèves le sont – d’accéder plus aisément à leur sens.

C’est dans cette perspective qu’avec des latinistes de troisième nous nous exerçons à construire le sens de textes latins en commençant par les écouter.

Dans le cadre de cette pratique, le travail comprend deux temps :

a- Ecouter le texte

– faire écouter aux élèves le texte dit en latin restitué (le site de la Society for the oral reading of greek and latin literature, nourri par des professeurs passionnés de l’Université du Minnesota, met à disposition les lectures en prononciation restituée de quelques textes latins et grecs) ;

– recueillir les impressions des élèves, travailler sur la façon dont s’exprime la musicalité du texte ; donner à écouter le texte tant de fois que nécessaire pour en dégager les mots importants (facilement repérables à l’écoute) et la structure ; commencer à construire le sens du texte ;

– découvrir le texte écrit, le réécouter, le traduire en se référant aux éléments de sens dégagés par les élèves lors des écoutes préalables ;

– construire un commentaire du texte ; s’appuyer notamment sur les figures de style perçues à l’écoute du texte (allitérations, anaphores ; ou tout autre figure de répétition) ;

– lire et critiquer deux traductions littéraires du texte ; réaliser la pauvreté de la traduction produite en classe et rédiger une nouvelle traduction qui s’attache à respecter au mieux l’idée du texte, mais aussi sa syntaxe et sa musique.

b- Dire le texte

– s’entraîner à dire le texte (pour préparer la lecture du poème, on scandera ; pour le discours, on lira les conseils que Cicéron formule dans son De Oratore et on mènera un travail sur l’actio d’après les planches de la Chirronomia de John Bulwer) ;

Ensuite, le texte est donné à apprendre par cœur : le fichier MP3 du texte est mis à disposition des élèves ;

– dire le texte ; durant cette séance, les élèves se filment. Au terme de la séance, le montage du film leur est confié.

Le goût et la maîtrise des textes permettent ensuite des prolongements intéressants pour réaliser la pérennité de la culture latine au sein de la nôtre (en regard du poème de Catulle, on lira avec plaisir Louise Labé ou du Bellay) et faire le lien avec le monde d’aujourd’hui et ce qu’il doit à l’Antiquité (suite au discours de Cicéron, on étudiera un discours d’Obama et un article paru sur le net en 2009, Cicéron speachwritter de Barack Obama. Le discours de Barack Obama ayant été lu par les élèves dans une édition bilingue, le professeur d’anglais pourra relayer le travail.)

Voici deux exemples de séquences pédagogiques allant dans ce sens :

1- Première séquence : Arma togae cedant !

image

Le plan de la séquence et les cours : La rhétorique de Cicéron

Pour écouter le texte en prononciation restituée, sur le site de la Society for the Oral reading of greek and latin litterature.

Une fiche illustrée qui doit permettre de comprendre la notion d’éloquence : Eloquentia

Et quand finalement les élèves déclament Cicéron, ça donne :


2- Deuxième séquence – Poésie et musique : Carmina V de Catulle

Pour écouter la lecture du texte par Sonkowsky :

Carmina 5

Le cours détaillé : Carmina+5

Et quand les élèves, sensibles à la musique du poème, prennent plaisir à traduire : Traduction+d’élèves

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A propos Nathalie Blanc-Kowalski

Enseignante de Lettres Classiques au collège Oeben (Paris XII) - Membre du collectif "Arrête ton char !" - Membre du GIPTIC Paris - Webmaster du site tic-et-nunc.com

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