On a testé pour vous : Άθηνᾶ θεά, Divine Athéna, par Marion Bellissime et Laure de Chantal

Qu’il était attendu ce 1er de la collection créée par Laure de Chantal qui propose une lecture suivie en grec ancien !

Dans le rétro :

« Les Petits Latins font du grec » proposait Eurêka pour tout savoir de la  civilisation grecque et pour découvrir le grec ancien à travers l’étymologie. Un petit dialogue à la fin laissait entrevoir le goût de Caroline Fourgeaud-Laville pour les dialogues et la pratique vivace de l’apprentissage de cette langue ancienne.

En effet, dans le manuel Grec ancien express, de courtes saynètes entre le maître Socrate et son élève Zoé animent et éclairent chaque leçon.

Premier d’une longue galerie de portraits, c’est celui de la « Divine Athéna », Άθηνᾶ θεά, écrit par Marion Bellissime et Laure de Chantal, qui inaugure cette série.

10 chapitres passent en revue sa naissance illustre, les combats qu’elle a menés, sa personnalité unique, jusqu’à la ville qui porte son nom.

Ceux qui connaissent déjà les « Petits Latins » ne seront pas dépaysés, la même structure est de mise : deux parties, l’une bilingue, l’autre unilingue, et des « enrichissements » à la fois culturels et linguistiques.

Du « petit latin » ou du « petit grec » : qu’est-ce que c’est ? La méthode éprouvée consiste à proposer des phrases simples en langue ancienne pour que le lecteur même débutant puisse se confronter à ces langues, repérer la structure des phrases, deviner le sens des mots, lors d’une lecture suivie, grâce au texte traduit en regard.

Deux sources, Hésiode et Apollodore, ont inspiré quelques passages qui permettent de faire entendre la poésie de la langue, nous annonce-t-on. D’autres auteurs sont convoqués : Les sept sages, Sappho, Ovide…

Des références culturelles émaillent tout l’ouvrage : des expressions françaises qui gardent en mémoire les personnages de la mythologie grecque, aux références à Athéna dans le quotidien, comme dans les marques ; du récit d’épisodes mythologiques à la découverte d’éléments civilisationnels ; des remarques étymologiques au commentaire sur l’originalité du grec ancien…

On aime : Métis, Zeus, Typhon, Pallas, Aphrodite, Ulysse, Achille, Poséidon, Méduse, Tirésias, Mentor, Pandore, Arachné, Jason, Médée, Persée, Bellérophon, Pénélope, Héphaïstos, … Que de rencontres ! Et de prolongements possibles.

 

Plusieurs niveaux sont indiqués dans cette collection, de « débutant » à « confirmé ».

C’est bien aux débutants que Divine Athéna s’adresse. Il suffit de savoir déchiffrer l’alphabet grec. Les trois accents (aigu, grave et circonflexe) “comme autant de pincées de sels sur la phrase” (compare Caroline Fourgeaud-Laville dans Grec ancien Express), et bien sûr les esprits, sont de la partie pour donner les élévations de la voix et les aspirations.

Toutes les coordinations ne sont pas reprises de la langue classique, mais on entend la spécificité de la syntaxe grecque qui aime les liaisons, qu’on ne traduit pas toujours d’ailleurs.

Pour feuilleter un extrait : https://www.calameo.com/read/0052959625665d443029e?page=1

Des points de grammaire constellent le texte unilingue pour éclairer certaines tournures employées dans le volume : la spécificité du grec ancien est mise en évidence avec des détours par le génitif absolu, le canonique Τὰ ζῷα τρέχει («  les animaux courent »), la proposition infinitive, la négation, le duel…

« Améliorer son français grâce au grec », pari tenu ? Ce qui est certain, c’est que les allers-retours entre les mots grecs anciens et leurs dérivés dans notre langue font la lumière sur bon nombre de mots. On (re)découvre les points communs entre la guerre et la polémique, entre le premier et un prototype, entre la cuirasse du soldat et le thorax, entre la force du peuple et la démocratie, entre l’armure et la panoplie, entre la belle écriture et la calligraphie, entre le fleuve et l’hippopotame, entre le grand âge et la presbytie, entre le chemin et la méthode…

On aime : C’est Athéna elle-même qui nous parle. Tout le récit est fait à la 1re personne, ce qui donne à l’histoire une tonalité toute particulière : on dirait un témoignage. Les professeurs pourront imaginer avec leurs élèves des jeux pour mettre en scène ces phrases à la manière d’une interview de la déesse. Pour les calés en numérique, avec certaines applications, la statue de la déesse va pouvoir nous parler. On imagine la réalisation de posters ou d’affiches pour exercer la graphie qui reprendraient des phrases-clés comme « Άθηνᾶ Νίκη εἰμί, νικηφόρος θεά. » (« Je suis Athéna-Niké, la déesse qui porte la victoire ») ou « Εἰμὶ Άθηνᾶ γλαυκῶπις, πολύμητις καὶ ἔχουσα ἀμείλιχον ἦτορ. » (« Je suis Athéna aux yeux étincelants, à l’intelligence féconde et au cœur indomptable. »).

Julie Wojciechowski

Pour aller plus loin : 

  • Retrouvez une Séquence pédagogique complète (3e-lycée) sur le club de la Vie des Classiques :

https://www.laviedesclassiques.fr/divine-athena/sequence-pedagogique-complete-3e-lycee

Séquence réalisée par Florent Cistac, professeur agrégé de lettres classiques au collège du Bois de la Barthe de Pibrac et chargé de cours à l’université Toulouse-Jean Jaurès ;  mise en page par Dorian Flores, chargé de communication pour la Vie des Classiques.

 

https://www.lesbelleslettres.com/livre/9782377750573/divine-athena

Texte et notes de civilisation, de grammaire et de vocabulaire : Marion Bellissime & Laure de Chantal.

Préface : Monique Trédé de l’Académie.

Illustrations : Djohr

A propos ju wo

Professeur de français et des options FCA et LCA dans l'académie de Lille. Passionnée de cultures antiques et de langues anciennes, attachée au rayonnement et à la promotion des cultures antiques dès l'école primaire. Responsable du concours ABECEDARIVM pour l’association ATC.

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