Prat’hic #1 : Réviser l’impératif et les compléments de lieu en jouant les légionnaires dans la cour du collège

Vos pratiques sont fantastiques ! Régulièrement, ATC va donner la parole à des enseignants pour qu’ils nous fassent découvrir une activité menée en cours de langues anciennes.

 

Parfois, d’une petite blague peut naître un beau projet. C’est le cas de la séance “Réviser l’impératif et les compléments de lieu en se mettant en situation dans la cour du collège” menée avec une classe de latinistes 4ème dans un collège de l’académie de Grenoble par Mme Legio (nom d’emprunt évidemment).

 

En Bref

Bonjour Mme Legio, pouvez-vous nous présenter en quelques mots l’activité que nous avons appelée “Réviser l’impératif et les compléments de lieu en jouant les légionnaires dans la cour du collège” 

Mme Legio : Il s’agissait de mettre en pratique l’impératif aux travers d’ordres donnés sous forme ludique et m’assurer sournoisement de l’apprentissage des leçons de mes élèves.

 

Avec quelle classe l’avez-vous menée ?

Mme Legio : Notre établissement de 300 élèves environ comprend 68 latinistes répartis sur les 3 niveaux. En classe de 4e, les 17 latinistes ont travaillé sur l’armée romaine avec de nombreux documents partagés sur le groupe Facebook ATC d’entraide entre enseignants de langues anciennes.

 

Aux origines du projet

Quelle est la genèse de ce projet ?

Mme Legio : Pour être franche, cette séquence est née d’une plaisanterie avec des élèves de 4ème de l’année dernière qui montaient en courant les escaliers qui menaient à la salle de latin (oui, oui !), avec l’impression, à ma suite, d’être une armée partant à l’assaut. Nous en avons donc conclu qu’il fallait que je devienne l’imperator d’une légion composée de mes élèves… Cette année les manœuvres ont été intégrées à une séquence plus aboutie. Des boucliers restant dans ma salle, les élèves attendent ce moment !

 

Quels objectifs vous étiez-vous donnés ?

Mme Legio : En travaillant cette séquence cet été, j’ai fixé les objectifs suivants  :

  • Connaissance de l’armée romaine
  • Révision de l’impératif
  • Travail sur les compléments de lieu et les prépositions
  • Comprendre In situ la notion de discipline et d’organisation liée au travail de groupe.
  • Participer à la visibilité du latin dans l’établissement

 

Faber fit fabricando

La mise en pratique fait suite à une leçon sur les compléments de lieu et sur l’impératif présent. Comment ces leçons ont-elles été menées et reçues par les élèves ?

Mme L. :   Leçons TRÈS classiques à l’aide du livre.

 

Qu’ont-eu à faire les élèves pour se préparer à  l’activité  ?

Mme Legio : Des recherches concernant l’organisation de l’armée romaine, la conception d’un bouclier, le visionnage de vidéo sur la vie du légionnaire.

 

Légende de l’image : les boucliers préparés par les élèves

 

Les boucliers des élèves sont vraiment magnifiques. Les élèves les ont-ils réalisés en classe, en autonomie ? Avec quelle documentation ?  

Mme Legio :  Les boucliers ont été faits à la maison uniquement pendant les vacances de février, donc en amont de la séquence. J’avais distribué des cartons de fleurs.

La documentation des boucliers était uniquement la photo du mien qu’ils voient traîner dans ma salle depuis l’an dernier et leurs recherches personnelles.

Légende de la photo : le bouclier de Mme Legio (cadeau reçu pour la fête des mères)

 

Qu’ont-eu à faire les élèves pendant l’activité ? 

Mme Legio : Le travail pratique de manœuvres s’est déroulé sur plusieurs semaines : un quart d’heure en fin de cours une fois par semaine.

En classe, nous avons composé une liste d’ordres en latin, en nous inspirant d’un article publié sur le fabuleux site de la legio Augusta (-> https://leg8.fr/armee-romaine/ordres-latin/  ) ainsi que de la liste que l’on trouve dans un manuel scolaire Hatier.  Chaque élève a déterminé  la liste d’ordres qui lui semblait la plus logique.

Lors des entraînements dans la cour, chacun a égrené ses ordres.

Légende de la photo : le brouillon d’une liste d’ordres composée par les élèves

 

Quel a été le rôle du professeur pendant l’activité ?  

Mme Legio : Profiter du plaisir de les voir travailler sérieusement sans se prendre au sérieux. Hurler des ordres dans la cour un pilum à la main. Plus prosaïquement leur faire comprendre que les manœuvres n’étaient qu’un prétexte pour un véritable travail de langue.

 

Les élèves ont-ils gardé une trace écrite ?  

Mme Legio : Leçon sur les compléments de lieu, l’impératif, liste d’ordres, exposés sur l’armée

 

Quelle implication des élèves ?   

Mme Legio : L’implication a été totale. La beauté des boucliers en témoigne.

Outre le fait que pour une fois toutes les leçons étaient apprises et comprises (notion de mouvement pour les compléments de lieu notamment) par la totalité des élèves (ce qui n’est jamais le cas habituellement), ils ont tous à leur tour proposé des stratégies d’élaboration de la tortue pour plus d’efficacité ou glané des vidéos et infos sur l’Internet.

 

On fait le bilan

Quel est le ressenti du professeur ? des élèves ?

Mme Legio :  Une fois la timidité et la peur du ridicule lors des entraînements derrière eux, les élèves ont été très fiers et amusés de leur prestation devant leurs camarades venus les observer le dernier jour.

L’enthousiasme des élèves est communicatif, leur capacité à retenir est impressionnante. Le caractère “archéologie expérimentale” les (et me) fascine.

Cela permet d’avoir un travail parfois un peu plus austère et classique.

 

A quels élèves les latinistes ont-ils montré leur travail  ?

Mme Legio :   Il s’agissait de la classe voisine de la nôtre, une classe d’hispanistes de 5ème (dont des latinistes) qui trépignaient à nous voir par la fenêtre passer en armes pour les entraînements. Leur professeur m’avait demandé la possibilité de descendre regarder, et je n’avais pas prévenu ma légion.

 

Quelle “évaluation” / retour pour savoir si les élèves ont compris ?

Mme Legio : Le professeur d’E.P.S. a proposé de donner un travail en co-animation à la rentrée : une séquence d’ordres. Nous vérifierons l’absence d’anti-sèches dans les boucliers 😉 et j’évaluerai la pertinence des déplacements aux ordres donnés. Par ailleurs, une évaluation plus classique, sur table, concernant l’impératif et les compléments de lieu a été faite en cours de latin. Une autre a concerné leur travail de recherche sur l’armée romaine.

 

Y a-t-il eu des difficultés, des surprises ?

Mme Legio : La classe de quatrième est idéale pour ce travail. Les élèves n’ont pas encore trop peur d’être ridicules. Il m’a fallu lutter au départ contre la propension de certains à ne vouloir faire que les zozos, confisquer un superbe gladium artisanal dans son fourreau (en carton, cela dit) apporté en douce par un élève qui voulait en découdre.

La surprise fut la beauté des boucliers tout d’abord, puis la facilité avec laquelle les consignes ont été suivies, les propositions venues des élèves, et l’impatience des non latinistes à les regarder sans moquerie aucune. Par ailleurs on néglige trop le fait qu’un “SILENTIUM!” hurlé pilum à la main est bien plus efficace qu’un “TACETE” en salle de classe avec une robe et un collier de perles.

 

Pensez-vous mener cette activité à nouveau ? Changeriez-vous quelque chose ( et pourquoi ?)

Mme Legio : Je mènerai assurément cette activité de nouveau. « L’événement » a généré une envie terrible jusqu’en sixième. Je n’ai pas encore assez de recul pour voir ce que je changerais. Peut être intégrer les ordres de façon plus progressive.

 

 

 

 

 

Si vous souhaitez poser des questions à Mme Legio, n’hésitez pas à le faire en commentaire de cet article, nous les lui ferons suivre.

Si vous souhaitez vous aussi raconter un de vos cours, n’hésitez pas à prendre contact avec nous.

A propos Arrête Ton Char !

Propositions du collectif : https://www.arretetonchar.fr/manifeste-arrête-ton-char-les-lca-aujourdhui/

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