Prat’hic #12 : Monter un spectacle en grec – ΙΚΕΤΙΔΕΣ ou la voix des femmes

Vos pratiques sont fantastiques ! Régulièrement, ATC  donne la parole à des enseignants et à leurs  élèves pour qu’ils nous fassent découvrir une activité menée en cours de langues anciennes.

Sylvie Breugnot-Mathé nous explique comment est né le projet musical et littéraire de ses élèves de l’option grec ancien dans son lycée de l’Académie de Clermont-Ferrand, dans lequel les oeuvres de l’Antiquité grecque trouvent un écho avec des textes contemporains.

 

En Bref

Bonjour, pouvez-vous nous présenter en quelques mots l’activité “Monter un spectacle en grec – ΙΚΕΤΙΔΕΣ ou la voix des femmes”  ?

J’ai proposé aux hellénistes de préparer une lecture à voix haute des Suppliantes d’Eschyle, en grec et en français,  accompagnés d’un musicien professionnel qui a travaillé à une création musicale pour porter leur voix. C’est un projet “Passeurs de culture”, pour lequel le Conseil Régional Auvergne-Rhône-Alpes a contribué à hauteur de 1000 euros. 

 

Avec quelle classe l’avez-vous menée ? 

Notre lycée est polyvalent (BTS tourisme et hôtellerie, lycée pro, lycée général) et compte 1200 lycéens et étudiants. Les élèves sont ceux de terminale, en grec. Ils étaient 14 cette année. 

 

Aux origines du projet

Un projet qui a mûri d’expériences précédentes ?

Oui, aux origines du projet, il y a une première expérience de lecture à voix haute, lors de la lecture internationale de l’Iliade. Cette année-là, j’avais demandé à mon mari, qui est musicien, de nous accompagner. L’expérience a été tellement formidable que j’ai décidé de le refaire, d’aller plus loin dans le travail de création musicale, et de trouver des textes contemporains qui fassent écho au texte grec. L’an dernier j’ai monté un premier projet, ODUSSEIA, sur le thème de l’exil et de l’hospitalité, avec des extraits de Laurent Gaudé, en particulier du recueil De Sang et de lumière, et de l’Odyssée. J’ai déposé un dossier sur Sicorra pour demander une aide financière, afin de payer les intervenants extérieurs. Cette année, j’ai voulu aller plus loin encore en demandant à mon collègue d’Arts plastiques s’il était partant pour travailler sur une scénographie vidéo.

 

Quelle est la genèse de ce projet ? 

C’est un projet de longue haleine. D’abord, l’idée du texte m’est venue. J’ai longtemps cherché des textes contemporains pouvant faire écho à la pièce d’Eschyle. J’ai fini par trouver Stabat Mater furiosa de Jean-Pierre Siméon, après avoir lu beaucoup de choses. J’ai tout de suite su que cela serait parfait pour le prologue. Et pour l’épilogue, là-aussi l’idée m’est venue subitement. J’ai pensé à Malala. Je voulais des voix de femmes fortes et courageuses.

Les ressources extérieures sont le musicien professionnel qui  a travaillé sur le texte, le vidéaste qui a filmé les séances de travail et le spectacle, et a monté le film, la plasticienne en résidence qui a travaillé avec les élèves de l’option Arts Plastiques.

 

Quels objectifs vous étiez vous donnés ?

L’objectif, qu’ils soient fiers, qu’ils s’engagent, dans la voix, la posture, qu’ils vibrent et nous fassent vibrer. Que le public entende résonner le texte grec et qu’il soit remué. Que les élèves  vivent une expérience collective qui les soude. 

 

Faber fit fabricando

Qu’ont-eu à faire les élèves avant l’activité ?  

J’ai trouvé et mis en page le texte. En classe, j’ai fait une première lecture, et les élèves ont choisi les passages qu’ils liraient. On a distribué les rôles. Beaucoup de passages du chœur ont été dit à plusieurs, je voulais l’effet collectif.

 

Qu’ont-eu à faire les élèves pendant l’activité 

Deux répétitions en classe (deux séance de deux heures) ont eu lieu avec le musicien, ainsi qu’un filage la veille du spectacle. On a mis au point la mise en scène ensemble durant ces deux séances.

 

Quel a été le rôle du professeur pendant l’activité ?  

Je dirais, metteur en scène. 

 

Les élèves ont-ils gardé une trace écrite ?

Chacun a gardé son livret, avec le texte.

 

Quelle implication des élèves ?

Extraordinaire ! Le soir du spectacle, ils m’ont émue aux larmes. Ils n’ont jamais dit le texte aussi bien.

 

On fait le bilan

Quel est le ressenti du professeur ? des élèves ?

Je suis fière d’eux. Et j’espère qu’ils sont fiers d’eux aussi.

 

Les élèves ont la parole : Avez-vous des témoignages d’élèves à nous partager ?

Je vous invite à aller voir le film en lien, dans lequel des élèves sont interviewés !

https://vimeo.com/717667568?embedded=true&source=vimeo_logo&owner=65137479#at=0

 

Pensez-vous mener cette activité à nouveau ? 

Je n’ai qu’une envie, recommencer. Mais pour le professeur, c’est un travail énorme, qui s’étale sur un an avec des périodes intenses (bénévole bien sûr).

 

Pour en savoir plus :

https://www.lyceedechamalieres.fr/?p=12250

http://www.lyceedechamalieres.fr/?p=11870

 

Si vous souhaitez poser des questions à Mme Sylvie Breugnot-Mathé, n’hésitez pas à le faire en commentaire de cet article, nous les lui ferons suivre.

Si vous souhaitez vous aussi raconter un de vos cours, n’hésitez pas à prendre contact avec nous.

A propos ju wo

Professeur de français et des options FCA et LCA dans l'académie de Lille. Passionnée de cultures antiques et de langues anciennes, attachée au rayonnement et à la promotion des cultures antiques dès l'école primaire. Responsable du concours ABECEDARIVM pour l’association ATC.

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